En termes de nouveautés, le mois de janvier 2018 fut un mois fabuleux. La seule évocation des albums publiés pour ce premier mois de l’année donne le tournis : le quatrième tome d’Azimut – Nuées noires, voile blanc de Wilfrid Lupano et Andreae, le nouveau Bouncer – L’or Maudit de Boucq, le second volet des aventures du Docteur Radar – Terreur en Italie de Bezian et Simsolo ou encore la clôture de Giant la mini-série de Mickaêl…entre autres.
Malgré ces très beaux ouvrages, l’équipe de Rosebul a plébiscité deux one-shot qui nous ont subjugué par la créativité de leur scénarios et la maestria de leurs dessins : à l’honneur donc L’homme gribouillé de Serge Lehman et Frederik Peeters chez Delcourt, et Essence de Fred Bernard et Benjamin Flao chez Futuropolis. Deux histoires superbes que nous voulons partager avec vous.
L’homme gribouillé
Elisabeth, la quarantaine, éprouve les pires difficultés à s’épanouir sereinement, alternant crises d’aphasie, histoires sentimentales inabouties et difficultés de mère célibataire. Entre les frustrations de son travail, les velléités d’indépendance de sa fille lycéenne et la forte personnalité de sa mère, elle doit composer avec un quotidien compliqué.
Les choses ne s’arrangent pas quand Maud, sa mère, est victime d’un AVC tandis qu’au même instant, un étrange personnage se présente de façon impromptue au domicile de cette dernière. Clara, qui dormait chez sa grand-mère, ouvre la porte à l’inconnu tandis qu’elle essaye désespérément de réveiller Maud. Profitant de l’affolement de la jeune fille, ce dernier se met à fouiller frénétiquement l’appartement avant de disparaitre brutalement non sans avoir laissé un message menaçant et deux plumes noires.
Je l’ai déjà mentionné sur ce blog, L’Homme gribouillé est un magnifique album de bande dessinée, un conte qui réveille chez le lecteur adulte un lointain souvenir de plaisir d’enfance, de lectures sous les draps, de légendes du soir. Un livre peuplé de monstres fantastiques, de forêts profondes et de brouillards inquiétants.
L’histoire met en scène une cellule familiale composée uniquement de personnages féminins. L’accident de Maud va déclencher une succession d’évènements qui vont amener Elisabeth et Clara à découvrir qu’il existe un lourd secret de famille, une zone d’ombre dans laquelle sont tapis de dangereux personnages.
Cette histoire revisite à la fois les mythes de l’Ogre et du Golem, rien que ça. Le personnage de Max, ce mystérieux monstre ailé et masqué est devenu instantanément un mythe, un personnage reconnaissable entre mille. Sa silhouette élancée et inquiétante marque les mémoires.
Un récit dense, maîtrisé, captivant jusqu’au bout, une succession de personnages sublimes, grotesques, solaires ou sombres comme le désespoir. C’est rare, L’homme gribouillé a fait l’unanimité au sein de notre équipe. Sublime, fascinant, passionnant. Un énorme coup de cœur.
Essence
Un homme traverse un hall sombre et décrépi avant de surgir dans la lumière du matin. Il porte un jerrycan d’essence dont il verse les quelques gouttes collectées dans le réservoir de son véhicule. Dans la blancheur éclatante de ce paysage désertique, une femme l’attend à côté d’une muscle-car. Elle semble détachée, ne s’étonnant ni du lieu ni de l’incongruité de la situation. Bientôt, tandis que le véhicule roule dans un univers désertique, la jeune femme l’encourage à se souvenir. Se souvenir de la raison de sa présence en ces lieux, des raisons pour lesquelles il est en perpétuelle quête d’essence. Bientôt la nuit tombe et les deux voyageurs arrivent en ville. Tandis que la jeune femme s’installe dans un hôtel, Achille, l’homme se met en quête de nouveau carburant.
Intrigue baignée d’onirisme, Essence alterne road-movie humoristique et épopée cauchemardesque. Un ange gardien novice est chargé d’accompagner un homme récemment décédé à élucider les conditions et les raisons de son décès pour l’aider à quitter le purgatoire. Coté pile, le personnage peut à satiété changer de véhicule et d’environnement pour assouvir tous ses fantasmes automobiles. Côté face, dès qu’il s’éloigne de son ange gardien, le protagoniste se retrouve confronté à des situations cauchemardesques dont il ne parvient à s’extirper que par miracle.
Intrigue policière écologique et matinée d’espionnage industriel, cet album est émouvant, humoristique et il est écrit avec talent et magnifiquement mis en page.
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