Luminary – T1 Canicule

Premier tome de Luminary la nouvelle série de Luc Brunschwig (scénario) et de Stéphane Perger (dessin), Canicule rend hommage à l’un des héros mythiques de la revue Spidey: Photonik. Plongée dans la genèse d’un héros classique injustement méconnu.

Synopsis

Eté 1977: Dans un état du sud des Etats-Unis, tandis qu’une canicule s’abat sur le pays, les employés d’un cirque font le tour de la ménagerie pour tenter de rafraîchir les animaux. Malheureusement cette vague de chaleur n’est pas sans conséquence sur les organismes et elle provoque la mise à bas prématurée d’une tigresse dont le premier petit est mal engagé, mettant en danger la vie de la mère et de ses futurs petits. Alors que les soigneurs se précipitent pour aller chercher un vétérinaire, déjouant la surveillance des adultes, un jeune garçon noir prend l’initiative de pénétrer dans la cage du fauve pour lui apporter de l’aide. A la grande surprise des hommes présents, le fauve accepte la présence et l’aide du jeune garçon.

Ce même jour, au cœur de la fournaise de New-York, une explosion de lumière déchire le ciel, réduisant en cendres un quartier entier. Quand les forces de sécurité pénètrent dans le périmètre du drame, elles découvrent que la quantité d’énergie provoquée par l’explosion a été telle qu’elle a fait fondre la structure métallique des bâtiments. Cependant, quand les soldats arrivent à proximité du cratère central, ils découvrent avec stupeur le corps nu d’un jeune garçon bossu, miraculeusement indemne.

Au moment où le jeune homme va être emporté par les forces de police, un étrange vieil homme surgit pour l’enlever.

Avis

Cet album constitue le premier tome d’une nouvelle série intitulée Luminary qui s’inscrit dans une double tendance: le retour en force des années 80 et la relecture contemporaine des aventures de super-héros historiques.

Depuis quelques années, l’évocation des années 80 est devenue un ressort scénaristique très prisé par les auteurs. Qu’il s’agisse de série télé (Stranger things de Matt et Ross Duffer), de films (Super 8 de JJ Abrams) ou de bandes dessinées (Paper Girls de Brian K. Vaughan et Cliff Chiang ou Il faut flinguer Ramirez de Nicolas Petrimaux) ce phénomène trouve ses origines dans un double phénomène : en premier lieu, les générations X et Millénial représentent dorénavant le principal bataillon des consommateurs de produits culturels et ils sont sensibles aux produits qui leur rappellent leur enfance. Corollaire de ce phénomène, de nombreux scénaristes ont grandi pendant ces années 80 et tandis qu’ils arrivent à l’âge adulte et qu’ils peuvent se lancer dans des projets plus personnels, ils éprouvent du plaisir à se référer à leur propre expérience. Ce phénomène remet ainsi en lumière des marqueurs culturels qui sont devenus des éléments majeurs de la pop culture : les BMX, le talkie-walkie, les vestes en jean et les coupes de cheveux expérimentales.

Second thème abordé, la relecture contemporaine des aventures de super-héros historiques. Dans le cas présent, cette série nous plonge dans l’univers d’un personnage moins connu du grand public: Photonik.

Créé au début des années 80 dans les pages de la revue Mustang, puis publié dans les pages de Spidey jusqu’en 1987, le personnage de Photonik est resté confidentiel car il n’appartient pas aux écuries DC ou Marvel qui ont connu les honneurs de l’adaptation sur grand écran. Et pour cause, ce personnage a été créé par un scénariste français, en l’occurrence par Ciro Tota, un auteur des éditions Lug.

Cette maison d’édition lyonnaise créée en 1950 avait choisi de privilégier des créations originales pour remplir les pages de certaines de ses publications. Éditeur également des revues Strange et Titans, Lug a bercé notre enfance en nous faisant découvrir le bataillon des héros Marvel dont ils avaient acquis les droits pour la France.

En raison des impératifs de publication, le personnage de Photonik sera également scénarisé par Jean-Yves Mitton le créateur du personnage de Mikros qui fut l’un des héros phares de la revue Titan.

 

Luc Brunschwig, le scénariste, n’est pas un inconnu puisque on lui doit notamment les sagas Urban ou les jours incandescents. Avec cette nouvelle série, il nous livre un très bel hommage au l’univers de Photonik en lui apportant davantage de profondeur et d’humanité. Il s’inscrit dans la droite lignée d’ouvrages récents comme les réécritures des aventures de Batman par des auteurs tels que Frank Miller (Dark Night Universe), ou Sean Gordon Murphy (the white knight). Certes, la trame d’origine est relativement classique en abordant plusieurs thèmes récurrents dans le monde des super-héros : le handicap, le passage à l’âge adulte et les manipulations génétiques. Toutefois, il évoque également des thèmes périphériques comme la ségrégation raciale et une dimension sociale et politique avec la manipulation des médias opérée par les autorités pour masquer leurs erreurs en faisant porter les accusations sur le mouvement politique des blacks Panthers.

Enfin, rendons hommage au dessinateur qui grâce à la technique des aplats illustre avec brio cet album lui donnant un souffle incandescent.

Bref, du bel ouvrage qui nous donne bigrement envie de découvrir la suite.

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