Les ombres de nulle part

En janvier 1979 paraît aux éditions Glénat Les Ombres de nulle part, le second tome des aventures de Victor Billetdoux par Pierre Wininger. Coup de projecteur sur une petite pépite oubliée, disponible uniquement sur le marché de l’occasion avant une hypothétique réédition.

Synopsis

Paris, début du 20ème siècle. Tandis que les parisiens viennent de se coucher, deux silhouettes effilées et masquées se faufilent le long des cheminées de la Capitale. Tout à coup, un cri d’effroi perce la nuit sombre. En raison de la forte humidité provoquée par les pluies récurrentes, l’un des deux hommes a perdu l’équilibre en glissant sur le zinc humide des toitures. Dans une tentative désespérée, il a tenté de se retenir à une gouttière mais cette dernière a cédé sous son poids. Après une chute terrible, son corps gît inerte dans une cour intérieure.

Son comparse, constatant qu’il ne peut plus rien faire, prend la fuite par les toits avant de mystérieusement s’envoler dans les airs, telle une plume portée par le vent.

Quelques jours plus tard, Charles Hippolyte Constant et son ami Victor Billetdoux, tout juste de retour d’Egypte où ils viennent de vivre leur première grande aventure, sont contactés par téléphone par un savant de l’observatoire qui a entendu parlé de leurs récents exploits et qui sollicite leur aide concernant un étrange cliché photographique pris au moyen d’une lunette astronomique et sur lequel des taches étranges apparaissent. Préoccupé, le savant propose de venir les rencontrer au domicile de Victor.

En fin de journée, tandis que l’on vient de frapper à sa porte, Victor Billetdoux découvre avec effroi le corps du savant pendu dans le couloir devant sa porte. Fouillant dans la serviette du malheureux homme, les deux enquêteurs constatent que les clichés ont disparu.

Avis

Cet album constitue la seconde aventure d’un duo constitué par Victor Billetdoux, journaliste à l’Echo de Paris et de Charles Hippolyte Constant, un jeune égyptologue. Un troisième album sera publié en 1982 avant que la série ne s’arrête définitivement.L’intrigue se déroule à Paris, au début du 20ème siècle et s’articule autour de l’enquête menée par les deux personnages principaux concernant des travaux scientifiques secrets réalisés par un savant français.

Le récit s’inscrit dans un registre familier aux amateurs de bandes dessinées : l’intrigue policière mêlant le fantastique et la science. Le lecteur côtoiera dans cet album son lot de savants fous, d’invention révolutionnaire, d’organisation criminelle œuvrant en marge ou pour le compte des grandes puissances bellicistes de l’époque et de sectes d’illuminés amateurs de croyances orientales.

 

L’univers évoque grandement celui d’Adèle Blanc-Sec, dont le premier album Adèle et la Bête, est contemporain des aventures de Victor Billetdoux. Le premier volume des aventures d’Adèle fut publié en 1976, alors même que les premières aventures de Victor Billetdoux paraissaient dans les pages du magazine CIRCUS, édité par la maison Glénat.

Manquant d’informations complémentaires, il m’est difficile de comprendre pourquoi cette série ne connut pas davantage de titres tant l’intrigue et sa déclinaison maîtrisée me paraissent propices à séduire un large lectorat. On retrouve le style feuilletonesque des récits propres à cette époque si caractéristique de l’histoire européenne, faite de découvertes scientifiques et d’intrigues politiques préalables aux terribles événements qui vont survenir avec le déclenchement de la Grande Guerre.

Après un premier récit en noir et blanc intitulé la Pyramide oubliée, Pierre Wininger, l’auteur, intègre la couleur dans son récit ce qui facilite la lecture, permettant notamment de distinguer plus aisément les personnages en fonction de leur accoutrement.

Le dessin se caractérise par la finesse du trait et par la richesse des décors ce qui le rend attirant dès les premières planches.

Bien que l’intrigue complète se poursuive sur deux albums (Les ombres de nulle part et La nuit de l’Horus Rouge), les deux albums peuvent être lus indépendamment ce qui accroit encore leur intérêt.

Je recommande fortement la lecture de ces albums aux amateurs d’intrigues feuilletonesques type Adèle Blanc Sec, Fog ou Docteur Radar (pour des récits plus récents).

Intéressez-vous à ces albums si vous les croisez dans des ventes d’occasion, ils constituent une passerelle intéressante pour découvrir le travail de Pierre Wininger, un auteur trop méconnu, décédé il y a quelques années. Bonne lecture.

Scénario: Pierre Wininger

Dessin: Pierre Wininger

Année: 1979

Date de sortie: Novembre 1979

Éditeur: Glénat

Prix: Selon occasion

 

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