Akira – T2

En 1990, l’œuvre de Katsuhiro Otomo fut l’un des premiers mangas à être publié intégralement en France. Retour sur une œuvre majeure à l’occasion de sa réédition en version originale chez Glénat.

Synopsis:

Dans l’épisode précédent, au beau milieu du combat à mort qui opposait les deux anciens amis, Tetsuo a avalé la capsule que Kaneda avait dérobé aux militaires et qu’il avait réussi à substituer à leurs recherches. Alors que ce cocktail aurait dû le tuer instantanément, et passé un instant de stupeur, le jeune garçon reprend des forces et sent ses forces décupler. Il ne semble même plus être affecté par la balle qu’il a reçue. Tetsuo, que le gouvernement militaire désigne désormais sous le numéro 41, est entré dans une nouvelle dimension.

Tandis qu’il subit de nouvelles batteries de tests cognitifs et d’examens physiques au sein du laboratoire secret de l’armée, 41 interroge l’un de ses médecins au sujet de ce fameux Akira dont il a entendu le nom au détour d’une conversation. Apprenant que ce sujet serrait doté de pouvoirs potentiellement supérieurs aux siens, Tetsuo décide d’aller le trouver pour faire sa connaissance. De leur côté, tandis que Kaneda et Kei sont retenus prisonniers au sein du complexe militaire, la jeune fille reçoit, à son insu, l’aide d’une étrange organisation, décidée elle aussi à mettre un terme aux agissements de Tetsuo avant qu’il ne soit trop tard.

Avis:

Les grandes œuvres contiennent souvent plusieurs niveaux de lecture, à ce titre Akira est une série remarquable.

De prime abord, la série décrit l’affrontement de deux adolescents issus du même gang de motards. Des étudiants plus enclins à mener de longues chevauchés sauvages dans les rues de Néo-Tokyo qu’à suivre leurs cours au lycée professionnel.Une nuit, Tetsuo, le benjamin de la bande, percute sur un tronçon désaffecté d’autoroute un mystérieux personnage au corps d’enfant et à la tête de vieillard. Blessé et évacué par l’armée dans un hôpital militaire secret, Tetsuo découvre à son réveil qu’il dispose de pouvoirs psychiques. Cependant, ce nouvel état s’accompagne de violentes migraines qu’il ne parvient à contenir qu’en abusant de drogues diverses. Plus les doses sont importantes et plus ses pouvoirs se développent. Pris dans un cercle vicieux et rendu hystérique par l’abus de psychotropes, il n’aura dès lors de cesse que de laisser s’exprimer sa violence naturelle.

Mû par la jalousie qu’il a toujours éprouvé vis-a-vis de Kaneda, il prend bientôt le pouvoir sur le gang des Clowns et les affrontements deviennent de plus en plus violents avec la bande de Kaneda.  Ce dernier, de son côté, après s’être inquiété un temps de la santé de son ancien acolyte, va faire la connaissance d’un groupe d’individus qui tentent de mettre à jour les agissements d’un pouvoir militaire qui veille secrètement sur une étrange arme de destruction dénommée Akira.

Conte fantastique, Akira nous entraîne dans une sarabande infernale, aux confins des théories de mutations génétiques et de complots gouvernementaux.

Si on s’intéresse au contexte de la création de cette série, l’œuvre maitresse de Katsuhiro Otomo se situe à la croisée de deux ambitions : une ambition narrative et une ambition esthétique.

D’un point de vue scénaristique, le dessein de l’auteur était de recréer l’environnement politique et social du Japon d’après-guerre. Pour ce faire, il utilise un artifice narratif qui consiste à projeter l’histoire dans un futur proche afin de recréer un contexte  semblable à celui de l’après-guerre : quand le Japon était confronté à un gouvernement contesté, à un monde en reconstruction et à un avenir incertain. L’explosion nucléaire qui ouvre la série n’est qu’une transposition dans un univers parallèle du bombardement de 1945. De fait, le Japon d’Akira est celui du début des années cinquante, celui d’un pays en reconstruction qui ambitionne d’organiser les jeux olympiques (Tokyo 1960 / Néo-Tokyo 2020).

En termes d’esthétisme, Katsihuro Otomo ambitionnait de travailler sur la représentation de la vitesse et de la fluidité. Le recours fréquent aux traits rectilignes permet de rendre cette impression de mouvement permanent, effet soutenu par la mise en page qui utilise fréquemment les plans horizontaux et une orientation prononcée des cases vers le sens de la lecture.

A cet égard, la réédition de cette nouvelle version – qui reprend le sens de lecture japonais – est particulièrement appropriée pour restituer ces effets visuels. Les personnages se dirigent ou regardent souvent dans le sens de la lecture (de la droite vers la gauche), à l’exception des scènes d’affrontements où les personnages se font face.

Le second trait marquant concerne le soin particulier apporté aux décors urbains et à la retranscription de la destruction de cet univers spécifique. Les scènes d’effondrement de bâtiments, d’explosions, sont saisissantes. Otomo reconnait avoir passé de longues heures à observer et à dessiner les tours et l’ensemble de l’architecture urbaine pour mieux appréhender la façon dont elle pourrait d’affaisser ou se briser. Le résultat de cet effort est visible dans Akira, accentuant les scènes d’actions.

Ce cocktail détonnant donne naissance à un manga considéré comme étant culte (ce qui veut souvent dire que tout le monde le connait sans – bien souvent – l’avoir lu).

Paradoxalement, la version animée est bien plus connue que la version originale en BD. Bien qu’elle soit de grande qualité et qu’elle aie contribué à la notoriété de la série, la version animée minore certains aspects de l’intrigue (addiction des bandes à la drogue) au profit des scènes de poursuites à motos.

Il aura fallu dix ans à Katsihiro Otomo pour produire l’intégralité de sa série, alors profitez de cette réédition de qualité en noir et blanc pour y consacrer quelques heures et pour découvrir un monument du manga.

Vous ne prendrez pas votre temps. A dévorer sans modération.  Une série culte on vous dit.

Scénario : Katsuhiro Otomo

Dessin : Katsuhiro Otomo

Année : 2017 (Réédition)

Editeur : Glénat

Chroniqueur : Arnaud

 

 

 

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