L’homme qui tua Lucky Luke

Hardi, les garçons vachers sont de retour. Dans la foulée d’Undertaker, et conjointement au très onirique L’odeur des garçons affamés ou du décalé et humoristique Santiago, les cowboys ont le vent en poupe dans les rayons de nos libraires de BD. Place au plus célèbre d’entre eux : Lucky Luke.

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Synopsis :

L’histoire s’ouvre sur un coup de feu qui retentit dans la vallée. Travelling vers le centre de la ville : un homme inerte git de tout son long sur le sol, le visage enfoncé dans la boue. La silhouette nous est familière, c’est celle du célèbre cowboy solitaire. Tandis que la foule reste muette, saisie de stupeur, une voix retentit : « Ha Ha ! J’ai détruit la légende ! J’ai tué Lucky Luke ! ».

Arrivée_Lucky Luke_rosebulFlashback, quelques jours plus tôt, une silhouette détrempée surgit de l’ombre de la forêt. Un cowboy pénètre à la nuit tombée dans le petit bourg de Froggy Town. Frappant à la porte d’une étable, l’homme sollicite un abri pour son cheval puis se fait conduire à l’auberge pour prendre un diner.

Comme une trainée de poudre, la rumeur se répand qu’une légende est de passage et naturellement un premier homme se présente pour défier le cowboy. Celui-ci le désarme sans effusion de sang. Lucky Luke est en ville.

Dès le lendemain, les notables s’empressent de solliciter son aide car la diligence qui amenait la récolte d’or des mineurs dans la ville voisine s’est faite dévalisée, faisant une victime en la personne du conducteur et menaçant le fragile équilibre économique de Froggy Town.

Devant l’insistance des élus locaux, le cowboy accepte de porter assistance au shérif local et à ses frères qui apparaissent peu qualifiés pour traiter l’affaire et davantage enclins à mettre le méfait sur le dos d’un indien de la réserve voisine. Entre l’hostilité des frères du shérif et une ville aux abois, la partie s’annonce serrée.

Avis :

Lucky Luke fête ses 70 ans en cette année 2016 et les éditions Dargaud – en collaboration avec Lucky Comics – ont eu la riche idée de proposer à de nouveaux auteurs de reprendre les aventures du cowboy solitaire créé en 1946 par Morris. Pour ce premier one-shoot, c’est Matthieu Bonhomme qui s’y colle.

Vignette_lucky Luke_rosebulCe n’est pas la première incursion de l’auteur dans le western. Sur un scénario de Lewis Trondheim, il a déjà commis deux très bons tomes de Texas Cowboy chez Dupuis, narrant avec talent les aventures du pied-tendre Drinkwater, correspondant des éditions Del Pozzo dans le grand ouest de la fin du 19ème siècle.

Lucky Luke est un personnage mythique de la bande dessinée, héros de notre enfance, né dans les pages du fameux Almanach Spirou de 1947. Ses aventures s’étalent sur plus de 80 albums et ont fait l’objet de nombreuses adaptations tant en dessins animés qu’en films.

Membre de la fameuse équipe qui fut prise sous son aile par Joseph Gillain (dit Jijé), Morris fit ses premières armes dans un studio du rez-de-chaussée d’une maison de la rue Fossé-aux-Loups, dans la banlieue de Bruxelles, aux côtés de Franquin (Spirou, Gaston) et d’Eddy Paape (Valhardi). Chaque mercredi la fine équipe rencontrait Monsieur Charles Dupuis – créateur de la maison d’édition éponyme – dans le bistro d’en face pour lui présenter leurs projets. Les prémices de ce qu’on appellera plus tard l’Ecole de Marcinelle.

A partir de 1955, la série quittera un univers proche de Disney, pour acquérir son style propre avec l’arrivée de Goscinny au scénario – mélange d’humour et d’aventures, tout en faisant références aux grandes figures de l’ouest américain historique (Jesse James, Calamity Jane, Billy the Kid….) . Publié en 1957, Des rails sur la prairie, marquera le début d’une collaboration de plus de 20 ans marquée par la publication de 37 albums. Par la suite de nombreux scénaristes se succèderont pendant 33 ans pour poursuivre la série, maintenant en vie un personnage depuis plus d’un demi-siècle.

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Avec L’homme qui tua Lucky Luke, Matthieu Bonhomme nous offre son adaptation du mythe. Un épisode évoluant dans un monde parallèle aux intrigues classiques tout en respectant les fondamentaux du personnage (loyauté, empathie). Ici, point de Dalton, de pénitencier ou de de Rantanplan à l’horizon, Lucky Luke se retrouve confronté à une intrigue de diligence dévalisée, dans un univers oppressant et presque rendue glauque par l’humidité omniprésente.

Dans un sens, le Lucky Luke de Bonhomme, c’est presque un Chabrol : une ville reculée, une fratrie omnipotente (les frères Bone) et une menace sourde que nous n’identifierons que dans la deuxième du genre.

On se laisse très vite entrainer dans cette intrigue léchée et joliment mise en couleur.

Peu de révélations fracassantes dans cet opus : aucune information sur les origines du héros, pas de mention d’une quelconque histoire de cœur ni des raisons pour lesquelles Lucky Luke s’est engagé dans cette activité de redresseur de torts. Tout au plus, apprenons-nous pourquoi Lucky Luke a arrêté de fumer.

Au final, cet album est une vraie réussite ou la preuve une nouvelle fois que les très bons auteurs peuvent faire revivre les personnages légendaires sans les dénaturer tout en offrant un prisme de lecture moderne.

Reste cette question lancinante en trame de fond : Qui pour reprendre Tintin ?

 

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Scénario : Matthieu Bonhomme

Dessin : Matthieu Bonhomme

Année : 2016

Editeur : Dargaud

Chroniqueur : Arnaud

 

 

 

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