Synopsis :
Michel, un éléphant peu disert, fraîchement débarqué dans la Cité 14 à bord d’un bateau d’émigrants, a trouvé un logement au sein de la Tour Bambell, grâce à l’aide du journaliste d’investigation Hector Mac Keigh, qui lui est reconnaissant de l’avoir sorti d’un mauvais pas au cours d’une fusillade près du port.
Etrange Tour Bambell, au sein de laquelle plus rien ne semble fonctionner correctement, ni les services publics, ni les ascenseurs, et où chacun est fortement incité à cotiser au « Gang du haut de la Tour » pour s’assurer une protection contre les importuns. Or, au cours de la fusillade, Michel et Hector se sont involontairement attirés la rancœur farouche de Bollart, l’élégant cerf tueur à gages qui expédie dès lors, régulièrement et anonymement, des mains coupées à Hector pour le terroriser.
Quand les sbires de Bollart retrouvent enfin la trace de Michel dans son appartement du 116ème étage, ce dernier ne doit son salut qu’à l’intervention de son voisin de palier extra-terrestre qui extermine les quatre brutes avant de laisser les représentants du gang faire disparaître les corps des brutes.
Pendant ce temps, Hector Mac Keigh, entre deux séances de spiritisme, a entrepris d’enquêter sur le passé trouble de Tigerman, le super-héros local, auxiliaire de police aux méthodes radicales et à la moralité douteuse. Or les allusions et les accusations du journaliste ne sont du goût ni de la population qui voue un culte déraisonné à son héros, ni de ce dernier qui a juré d’avoir sa peau.
Dès lors, quand Hector Mac Keigh est pris à parti par une bande de fiers à bras fanatiques de Tigerman, ce dernier ne doit son salut qu’à la mystérieuse et surnaturelle intervention du Commandant Bigoodee.
Avis :
Publié initialement en 2007 par les éditions Paquet sous forme de feuilleton (12 fascicules à un rythme de parution mensuelle), la première édition de la série Cité 14 a tout d’abord été éditée sous un format original (1 petit fascicule cartonné de 20 pages à 1 € l’unité). Toutefois, le volume insuffisant des ventes ne leur a pas permis d’aller au-delà de cette première saison sous cette parution.
Repris par les éditions Humanoïdes, la première saison a été réédité en 2010 sous un format plus classique et la seconde saison a été publiée en 2012 sous forme d’albums cartonnés traditionnels.
Outre son format initial, le succès – tardif – de la série tient dans son intrigue originale mêlant révoltes extra-terrestre, quête de sens et intrigue policière. Satire de notre société contemporaine, peuplée de personnages étranges et attachants, Cité 14 décrit une société dégénérée en proie à des problèmes de violence, de pauvreté, de corruption des élites et de processus d’intégration défaillant.
Au sein de cet univers baroque où s’entrecroisent des animaux et des extra-terrestres, les destins s’entrecroisent dans une histoire à tiroirs et à rebondissements multiples.
Si Michel semble être de prime abord être le personnage principal, il n’est que le catalyseur d’une succession d’évènements et de rencontres qui portent les divers récits, les entremêlant dans un joyeux entrelacement. Mêlant intrigues politiques, règlements de comptes mafieux judiciaires et combats plus personnels, Cité 14 est un marigot dans lequel des personnages au destin tragique essaient de survivre.
Sa construction sous forme de feuilletons courts donne à la première saison un rythme très dynamique. Chaque album ne dépassant pas les 20 pages, il s’agit de développer un propos, de narrer une étape du récit puis de créer rapidement une accroche pour le chapitre suivant.
En outre, la réussite de la première saison repose également sur le choix judicieux du noir et blanc qui donne un peu côté retro, ainsi que sur la choix des titres des épisodes. De « Etes-vous anarchistes? » A « on s’évade comme on peut » en passant par « Peine retrouvée » qui succède à « Peine perdue » ou « Krapal la crapule », on nage avec délice dans cet univers étrange et envoutant.
Les auteurs nous font pénétrer dans un univers fascinant, métaphore de notre monde actuel, parfaitement illustrée par cette tour Bambell, qui pareille à l’antique tour de Babel, au sein de laquelle de nouvelles lois se sont substituées aux structures politiques et sociales défaillantes.
Attention, seule une partie de l’intrigue est révélée à la fin de la saison 1 et le début de la seconde vous permettra d’approfondir les pistes laissées en jachère ou seulement suggérées dans cette première saison.
Longue vie à Cité 14 qui procure à la fois un plaisir de lecture et une source de réflexion.
Dessin : Reutimann
Année : 2007 (réédité en 2010)
Editeur : Paquet (puis les Humanoïdes)
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