Dessin : Scott McCloud
Synopsis :
David Smith est un jeune sculpteur en manque de reconnaissance. Après avoir connu un succès éclair grâce à un mécène qui l’a abandonné, il galère sans pouvoir trouver la possibilité de se faire exposer. Débarque alors dans sa vie son oncle Harry (du moins c’est ce qu’il croit) qui lui propose un marché faustien. En échange de sa vie, David a la possibilité d’acquérir un pouvoir de création illimité en posant directement ses mains sur la matière brute pour la modeler à volonté. Une fois ce marché accepté, il ne lui reste alors que 200 jours à vivre…
Avis:
Ne tournons pas autour du pot, Le sculpteur est une œuvre magistrale, à plusieurs niveaux d’ailleurs.
Déjà graphiquement il s’agit d’une expérience narrative particulièrement réussie. La lecture est fluide et immersive, rendant l’empathie avec les personnages très forte, et la colorisation avec ce bleu « uniforme » consolide l’idée que la barrière entre le réel et le surnaturel est plus floue qu’en apparence, rendant facilement acceptable le postulat faustien de la BD. Les 500 pages que compte l’album s’avalent d’un trait!
Scott Mc Cloud aborde plusieurs thématiques dont les deux principales sont l’Art et l’Amour. En ce qui concerne l’Art, nous avons affaire à un personnage en perpétuel questionnement sur sa valeur en tant qu’artiste. Qu’est ce qui donne de la valeur à une œuvre d’art? Son prix? Le nombre de personnes qu’elle touche? Sa beauté intrinsèque? Le message qu’elle peut faire passer?
L’ascension puis la déchéance de David Smith, aussi soudaine l’une que l’autre, ne font que renforcer notre sculpteur dans une forme d’isolement tant artistique que social. Et justement, en pleine déprime, notre « héros » va tomber nez à nez avec une jeune femme dont il va tomber éperdument amoureux. Comment dès lors gérer de front son nouveau pouvoir et par conséquent le fait de savoir précisément le jour de sa mort avec sa volonté de séduire et aimer l’élue de son cœur? C’est l’autre thématique très forte et d’ailleurs superbement traitée dans Le Sculpteur.
Personnellement, ce qui m’a le plus touché est d’avoir été en empathie totale avec ce personnage de prime abord égocentrique et ne respirant pas la joie de vivre. Et pourtant, en refermant le bouquin, j’avais l’impression d’avoir vécu son histoire avec lui, tantôt touchante, drôle, pathétique, géniale ou cocasse, mais toujours vraie et sincère.
Le Sculpteur est donc pour moi un vrai chef d’œuvre duquel on ne peut sortir indemne et qui permet le débat sur plusieurs aspect de la vie mais dont je ne peux parler ici sans dévoiler plus que je ne l’ai fait l’histoire et le sens profond de l’œuvre.
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