Scénario : Frank Miller
Dessin : David Mazzucchelli
Synopsis :
Année 1 – Au même moment, en ce début du mois de janvier de la nouvelle année, deux hommes que tout oppose posent le pied sur le sol de Gotham City. L’un arrive par les airs et se nomme Bruce Wayne, il a 25 ans et est l’héritier de l’empire éponyme. Il est de retour après 12 années passées à l’étranger et rêve de vengeance. L’autre arrive en train et se nomme James Gordon, il est lieutenant de police et vit cette mutation comme une punition.
Gordon, homme intègre et expérimenté, est venu seul à Gotham, son épouse enceinte ne devant le rejoindre que plus tard. Il est tout de suite confronté à la corruption qui règne au sein de la police de Gotham. Affublé de l’inspecteur Flass, un ancien béret vert aux méthodes brutales et expéditives, il refuse de cautionner les petits rackets en vigueur et s’attire rapidement l’inimitié de sa compagnie. Un soir, alors qu’il est passé à tabac par une bande d’inconnus, Il reconnait parmi ses assaillants le rire gras de son adjoint.
Bruce Wayne est revenu à Gotham avec l’intention de nettoyer la ville de la pègre qui la gangrène et qu’il rend responsable de la mort de ses parents. Aguerri physiquement, il manque toutefois de méthode et de support. Sa première sortie en ville tourne au fiasco. Se rendant en tenue civile dans les bas quartiers, il se fait agresser par un souteneur et se fait tirer dessus par deux flics véreux. Gravement touché, il ne doit sa survie qu’à sa condition physique exceptionnelle et parvient miraculeusement à rejoindre sa majestueuse demeure. Tandis qu’il gît sur le sol, une chauve-souris brise une vitrine et vient se poser face à lui dans le bureau de son père, lui rappelant de pénibles souvenirs d’enfance et la terreur que lui a longtemps inspiré cet animal. C’est décidé, Bruce va adopter le costume du Batman pour lutter contre le crime.
Avis :
En 75 ans d’existence, le héros masqué créé en 1939 par Robert « Bob » Kane et Bill Finger a connu plusieurs vies, tant sur le papier qu’à l’écran. A l’occasion de cet anniversaire, les éditions DC Comics ont eu la riche idée d’éditer une série limitée en noir et blanc de 5 récits majeurs de la saga Batman. A cette occasion, je vous propose de découvrir 3 albums qui ont contribué à créer la légende de l’homme masqué. Premier Opus : Année Un de Frank Miller et David Mazzucchelli.
Depuis son apparition dans l’illustré Détective Comics en 1939 (N°29 daté du mois de mai) Batman a vu se succéder à son chevet nombre d’auteurs et d’illustrateurs de talent mais il faudra attendre le milieu des années 80 pour que le personnage prenne de la consistance et que la série atteigne sa maturité.
En l’espace de 3 ans, entre 1986 et 1989, deux scénaristes vont donner de la profondeur et de la noirceur à un personnage auparavant plus lisse et plus consensuel. Ainsi, en 1986, l’éditeur DC Comics, propriétaire de la franchise, décide de confier à un pool de nouveaux scénaristes la mission de donner un coup de jeune à une saga qui affiche déjà 50 ans au compteur. Parmi eux, Frank Miller va livrer deux récits fondateurs : The Dark Knight Returns et Année Un.
Tout en restant fidèle à la trame d’origine, Frank Miller décide de rédiger deux épisodes qui se situent à l’exacte opposé de la vie du personnage.
Dans The Dark Night Returns, Miller nous décrit un Batman quinquagénaire, usé, aigri, mis à la retraire forcée et qui décide de reprendre du service pour mener une dernière lutte dans un Gotham vicié et corrompu.
A contrario, dans Année Un, Miller nous narre la genèse du héros, depuis le retour en ville de Bruce Wayne après des années d’exil, sa mutation en Batman jusqu’à sa rencontre fondatrice avec le futur commissaire Gordon. Cet album influencera fortement Christopher Nolan qui s’en inspirera pour écrire et porter à l’écran son Batman Begins en 2005, qui reste pour moi l’une des meilleures adaptations à l’écran.
Si dès le numéro 33 de Detective Comics, en novembre 1939, en l’espace de 11 vignettes, la genèse du héros avait été dévoilée (assassinat de ses parents alors que Bruce n’avait que 11 ans, acquisition d’une force physique hors du commun, choix de l’emblème de la chauve-souris pour inspirer de la crainte à ses adversaires) Miller va réussir à donner de l’humanité au personnage en mettant en exergue ses doutes, ses erreurs et ses interrogations.
Dans ce premier opus, point de super vilains, Batman est confronté à la fois à la pègre de Gotham, qui a corrompu jusqu’aux plus hautes sphères du gouvernement, et à la police qui doute de ses motivations.
Servi par un dessin superbe de David Mazzucchelli (plus connu en France pour son album Asterios Polyp chez Casterman qui remporta de nombreux prix en 2010), Année Un est un récit court (120 pages) fondateur, empreint de noirceur et d’humanité. Un récit prenant et une mise en image superbe.
Bonne lecture. Si vous devez ne vous offrir que quelques albums cette année, celui-ci peut en faire partie. Un bon investissement et un superbe moment de lecture.
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