Même en été, le petit monde de la BD continue de tourner. Pour cette période estivale, le hasard nous a amené à retenir deux récits émanant de deux maisons d’éditions qui ne sont que trop rarement mises en avant. Place donc à L’Aimant de Lucas Harari chez Sarbacane et à Un monde un peu meilleur, les nouvelles aventures de Lapinot de Lewis Trondheim chez l’Association.
L’Aimant
Pierre, étudiant, a été incapable de mener à bien son mémoire de fin d’études qui était consacré à l’étude des thermes de Vals. Très impliqué dans ses recherches, il a eu la sensation d’approcher le secret de l’architecture complexe de cette œuvre d’exception avant de renoncer, victime d’une surcharge de travail. Après quelques mois à exercer le métier de serveur, et ayant perdu le goût du quotidien, il décide toutefois de se rendre sur place pour reprendre son étude. le jeune homme souhaite se confronter de nouveau à ce bâtiment spectaculaire et mystérieux.
Dans le train qui le conduit en Suisse, Pierre fait un rêve étrange et tandis qu’il observe le paysage, un minuscule caillou se détache de la paroi et tombe à ses pieds. Machinalement, le jeune homme le met dans sa poche. A peine arrivé sur place il fait la connaissance d’un étrange chercheur qui semble également s’intéresser de près à ce lieu particulier et aux rumeurs qui entourent sa genèse.
Première œuvre de son auteur, l’Aimant est un superbe récit fantastique, doublé d’une intrigue policière.
Doté d’une mise en page audacieuse et d’une colorisation soignée, cet album rend hommage à la ligne claire et au récit policier de genre. Le résultat est extrêmement plaisant et il nous donne envie de suivre ce jeune auteur. Un album hypnotique et un de nos coups de cœur de l’année 2017.
Un monde un peu meilleur – Les nouvelles aventures de Lapinot
Tandis qu’ils hésitent quant ‘au programme de leur soirée en déambulant sur les trottoirs, Lapinot et Richard assistent à un banal incident du quotidien tandis qu’un quidam accroche le parechoc d’un autre véhicule en parquant son automobile. Toujours aussi bravache, Richard feint d’être le propriétaire du véhicule endommagé et demande réparation. Il en est quitte pour une agression en règle tandis que le chauffard finit de détruire le véhicule à coups de crics.
Lapinot, en bon samaritain, décide de laisser ses coordonnées sur le parebrise de l’automobile endommagée afin d’être en mesure de fournir d’éventuelles explications à son propriétaire légitime. Noble sentiment qui va s’avérer être le déclencheur d’une succession d’évènements plus inattendus les uns que les autres.
Pour commencer, Lapinot est abordé par un inconnu prénommé Gaspard qui lui demande de l’aide.
Lapinot est de retour, et c’est très bien ainsi. Occis par Lewis Trodheim en 2004, aux termes de l’album La vie comme elle vient, le sympathique héros contemporain aux pieds de Hobbit est de retour. Une pirouette sur l’existence dans un monde parallèle dans la première case, et le tour est joué. Pas besoin de davantage d’explications, nous ne bouderons pas notre plaisir. Tout au plus le héros apparait-il désormais vêtu d’un tee-shirt à l’effigie de tête de mort.
Toujours aussi ancré dans la réalité, le récit emprunte à nos préoccupations et aux dérives du quotidien : la dérive sensationnaliste des chaînes d’information continue, les dangers de l’expérimentation thérapeutique, le chômage, les rencontres par Internet, Lewis Trondheim se sert dans l’actualité pour construire la trame de ses aventures et pour expérimenter les réactions de ses héros vis-a-vis de nos craintes et de nos petites lâchetés.
Lapinot est un miroir de notre société, un poil à gratter, et nous, on aime.
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