Dessin : Franquin
Année : 1952
Synopsis :
Bruxelles 1952 – Apprenant qu’il hérite d’un oncle éloigné qu’il n’a que très peu connu, Fantasio demande à Spirou de l’accompagner chez Maître Mordicus. Là, ils apprennent que sera désigné comme légataire universel celui de ses deux neveux qui accomplira le plus brillamment trois épreuves. Fantasio et son cousin Zantafio se mettent donc à l’ouvrage.
La première épreuve consiste à inventer « (…) un appareil nouveau, original et d’intérêt public (…) ». Après quelques essais aussi infructueux que farfelus (les lunettes essuie-glaces ou le chapeau qui salue électriquement), Fantasio remporte la première épreuve grâce à son Fantacoptère.
Le second exploit consiste à « (…) terminer dans les 6 premiers d’un grand prix automobile (…) ». Malgré un recours à des procédés douteux, Zantafio remporte la seconde manche.
La dernière épreuve requiert de trouver, d’observer et de décrire les mœurs d’un animal légendaire qui vivrait au fin fond de la Palombie avant de le capturer pour l’offrir à un Zoo : le Marsupilami.
Spirou et Fantasio s’envolent donc pour l’Amérique du sud sur la trace de cet animal de légende.
Avis :
Avec Spirou et les héritiers, Franquin donne toute la mesure de son immense talent de conteur et parvient à concentrer dans un unique album trois grands thèmes ou éléments clés de la série. De ses années américaines (1947-1949), à l’occasion desquelles Franquin et Morris accompagnent la famille Gillain (Jijé) dans leur voyage d’études de New-York à Mexico, Franquin a ramené le souvenir d’une illustration entrevue dans le périodique Collier’s. De ce souvenir, il va extraire l’idée du Fantacoptère qui préfigure les inventions techniques réalistes dont Franquin restera un adepte et qui parsèment les albums de Spirou (le petit sous-marin exploratoire du Repère de la Murène, le Zorglocoptère) ou de Gaston.
Dans la seconde épreuve, Franquin nous fait partager son goût de la mécanique et de la course automobile et donne naissance à la marque Turbot. Cette première incursion dans le domaine de la mécanique automobile préfigure la création à venir de la fameuse Turbotraction, modèle révolutionnaire pour l’époque, que les lecteurs découvriront dans La corne du rhinocéros (1955).
A compter de ce jour, le garage imaginaire de Franquin ne cessera de s’enrichir de modèles d’automobiles au design futuriste et réaliste dont l’auteur ira même jusqu’à demander à certains de ses amis sculpteurs d’en réaliser au préalable des modèles pour affiner leur design et pour mieux dessiner leur présence dans l’espace.
Enfin, Spirou et les héritiers marque la naissance du Marsupilami, animal fabuleux dont l’étymologie souligne le particularisme : « Marsu » pour marsupial, « Pil » pour désigner le poil que chacun voudrait caresser et « Ami » pour suggérer la gentillesse.
Aux côtés de Spirou et de Fantasio, la Marsupilami va devenir un personnage culte de la série.
Spirou possède la particularité d’être un personnage qui n’appartient pas à un unique auteur : né sous la plume de Rob-Vel à l’occasion du premier numéro de la revue éponyme, il sera ensuite repris par Jijé à la libération avant que ce dernier ne le confie à Franquin.
C’est ce dernier, qui l’espace de 19 albums [1948-1969], lui donnera ses lettres de noblesse avant de transmettre le flambeau aux générations futures.
Franquin est sans conteste l’un des grands génies de la bande dessinée (premier récipiendaire du Grand Prix du festival d’Angoulême en 1974) qui a donné naissance à deux des personnages les plus connus du grand public : Le Marsupilami et Gaston.
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