Si la tristitude vous a envahi en raison de la fin de Game Of Thrones, si vous êtes en manque de récits romanesque, alors il est temps de vous immerger dans l’univers de l’un des premiers héros de science-fiction chevaleresque: Flash Gordon.
Créé par Alex Raymond au début des années 30, Flash Gordon est l’archétype du héros courageux, loyal et intrépide. Publié à partir de 1934 dans de nombreux journaux américains sous forme de strips dominicaux, ce personnage va rapidement acquérir une très grande notoriété et inspirera par la suite de nombreux auteurs de bandes dessinées.
A l’origine, la création du personnage répond à une commande du King Features Syndicate, éditeur de Comic Strip pour la presse nord-américaine lié au magnat de l’édition William Randolph Hearst. Devant le succès remporté par les aventures de Buck Rogers, Joseph Connolly, l’un des managers du KFS demanda à l’un de ses jeunes auteurs de créer un personnage de science fiction pour alimenter ses publications. Alex Raymond, qui débutait dans la profession releva le défi et, s’inspirant d’une nouvelle de Philip Wylie et Edwin Balmer, imagina les aventures de ce héros en lutte contre un oppresseur tyrannique sur une lointaine planète du nom de Mongo.
Il ne s’agissait pas de la première création graphique de Alex Raymond puisque cette même année 1934, il avait créé un personnage de détective (l’Agent Secret X9) en réponse au succès de Dick Tracy et un aventurier intrépide (Jim la Jungle) en s’inspirant librement du Tarzan de Edgar Rice Burroughs.
Dès 1935, devant le succès remporté par Flash Gordon, Alex Raymond décide de confier son personnage d’agent secret à un confrère pour se consacrer exclusivement à ses deux séries originales.
Dans la tradition du strip américain, les premières aventures de Flash Gordon constituent une succession ininterrompue d’aventures aux rebondissements incessants, se déroulant sur une planète hostile peuplée de créatures fantastiques venues du fond des âges, de peuplades primitives et de combats contre un ennemi redoutable en la personne des soldats de l’armée de l’impitoyable Ming. L’intrigue peut nous paraître aujourd’hui un peu désuète, succession de péripéties parfois sans liens les unes avec les autres, dans lesquelles doit se débattre notre héros. Aux actes de bravoures succèdent des traîtrises (in)attendues qui permettent au récit de se renouveler sans cesse.
Flash Gordon est accompagné de sa dulcinée, la belle Dale, incarnation de la compagne dévouée mais courageuse, éperdue d’amour pour son beau chevalier. Le troisième membre du trio est constitué du savant Zarov, compagnon de route de Flash Gordon, qui incarne la caution scientifique dans ce récit aux allures de péplum galactique.
Le récit est un peu daté mais il constitue une étape majeure dans l’histoire de la bande dessinée car ce personnage est un marqueur iconique dans la construction de la mythologie propre à la science-fiction. La longévité du personnage (il continuera à être publié jusqu’en 2003, sous la plume de nombreux dessinateurs successifs), son adaptation au cinéma et à la télévision, ont contribué à en faire un personnage de référence.
Trois exemples pour illustrer cette influence. Aux débuts des années quarante, l’interdiction promulguée par le régime nazi de publier des récits venues des états-Unis dans les publications de l’époque incitera de nombreux éditeurs à demander à leurs auteurs de créer des personnages s’inspirant de cet univers. Edgar P. Jacobs créera ainsi Le Rayon U pour le journal Bravo en 1942, reprenant les codes des aventures de Flash Gordon. Quelques années plus tard, Jacobs conservera le principe du duo de héros pour créer Blake et Mortimer, déclinaison du couple Flash Gordon / Professeur Zarov. Dans la même veine, constatant que les récits de science-fiction manquent dans le Journal de Tintin, le scénariste Greg Eddy créera le personnage de Luc Orient, dessiné par Paape, en s’inspirant de l’univers de Flash Gordon.
Enfin, au début des années 70, un jeune réalisateur souhaitera adapter au cinéma les aventures de Flash Gordon. Les droits n’étant pas disponibles (ils étaient la propriété d’Alain Resnais à cette époque), il s’inspirera de cet univers pour créer sa propre saga qu’il baptisera … Star Wars. En guise d’hommage, il conservera l’idée du texte qui défile en ouverture de ses films, en référence au générique qui défilait ainsi à l’ouverture de chaque épisode de la série télévisée Flash Gordon.
Outre cette influence sur les productions futures, le grand succès de cette série repose sur la qualité du dessin de Alex Raymond. Ciselé, précis, le dessinateur excellait tant dans la création d’univers fantastiques que dans le dessin de ses personnages. Il conférait à ses personnages sensualité et force.
Plusieurs éditeurs ont publié en français des histoires de Flash Gordon, citons Dargaud (3 albums publiés au début des années 80 qui reprennent les premiers épisodes des aventures en version couleur), mais aussi Serg ou Stakline pour des publications de très bonne qualité en format à l’italienne.
Je vous encourage vivement à vous intéresser à ces albums qui sont disponibles principalement chez des bouquinistes ou sur Internet pour vous initier à l’univers d’un géant de la bande dessinée.
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