A l’occasion du soixantième anniversaire de la création du personnage de Gil Jourdan, coup de projecteur sur La voiture immergée, l’un des récits les plus fameux de la série.
Synopsis:
Sous le crachin d’une soirée de décembre 1960, Nikita Zix, antiquaire de profession, engage son véhicule sur le Pas-du-Malin, une étroite chaussée submersible de huit kilomètres, qui relie une presqu’île au rivage breton. Tandis qu’il quitte les ruines sinistres de la Tour du Chevalier pour rejoindre le continent, l’homme parait contrarié du mauvais tour qu’on lui a joué.
Le lendemain matin, deux pécheurs remarquent le toit d’un véhicule immergé, immobilisé au milieu de la chausse submergée. Le véhicule est vide et le passager porté disparu.
Quelques jours plus tard, Henri Zix, neveu du défunt, se présente à l’agence Jourdan pour solliciter les services du jeune détective. Suite à la disparition de son oncle, l’homme a procédé à un examen de l’ensemble des collections et a constaté que l’ensemble des pièces de valeur a été remplacé par des copies. La disparition des œuvres originales lui fait craindre que le décès de son oncle ne soit pas accidentel. Il requiert donc les services de Gil Jourdan pour faire la lumière sur cette histoire.
A peine, le neveu a-t-il quitté son bureau, Gil Jourdan reçoit un appel émanant d’un homme prétendant être Nikita Zix et lui intimant de se rendre le soir-même dans un quartier désaffecté de la capitale pour un rendez-vous discret. A minuit précise, Gil Jourdan, flanqué de son inséparable acolyte Libellule se rend sur place.
Avis:
« Personne ne devait revoir le conducteur de cette voiture » Ainsi commence l’intrigue de l’un des récits les plus célèbres de Maurice Tillieux.
La publication de La voiture immergée débute dans le numéro 1067 du Journal de Spirou, en 1958. La série a vu le jour deux ans auparavant, en septembre 1956, avec l’histoire à suivre Libellule s’évade et connaît déjà un très grand succès, puisqu’un référendum de l’époque (pratique courante dans les années soixante auprès des lecteurs d’illustrés) indique que 80% des lecteurs du célèbre périodique s’intéressent à ce personnage.
Ce récit recèle tous les thèmes chers à la série : une intrigue policière réaliste, des chutes, des cascades et des rebondissements à foison et enfin, un ton humoristique qui ménage des instants de respiration et qui permettent de faire retomber la pression de manière régulière.
L’enquête est menée tambour battant par le trio récurrent de la série : Gil Jourdan, le détective privé courageux et intuitif, Libellule son acolyte froussard mais loyal et l’inspecteur Crouton, le policier désuet mais obstiné et précieux.
On peut s’étonner que la série ait atteint un tel niveau de maturité dès son troisième opus. Généralement, il faut quelques albums pour que les héros récurrents se mettent en place et que chaque personnage trouve sa place dans une alchimie savante. Cet état de fait réside dans son statut particulier. Gil Jourdan est une déclinaison des travaux précédents de l’auteur, et plus particulièrement des aventures de Félix dont nous avons parlé précédemment sur ce blog.
Gil Jourdan fut adapté par Maurice Tillieux pour les éditions Dupuis à la demande de l’éditeur. Le trio précédemment cité est une déclinaison des personnages Félix – Allume-Gaz – Inspecteur Cabarez. Dès lors, chaque personnalité est bien définie et l’alchimie fonctionne.
Outre son rythme et ses rebondissements incessants, la série doit également son succès à son atmosphère populaire et à sa description du Paris des années soixante.
Malgré un nombre d’albums limité – seize titres auxquels il faut ajouter une dizaine de récits courts – Gil Jourdan figure au panthéon des séries de bandes dessinées comme incarnant la ligne claire et le souci du réalisme.
J’ai une tendresse toute particulière pour ces albums que je côtoie depuis mes premières années de lecteur. En outre, j’ai toujours été fasciné par ces titres intrigants : Surboum sur 4 roues, Le chinois à deux roues, Le gant à trois doigts.
Souvenirs d’enfance et plaisir de découvrir aujourd’hui les différents niveaux de lecture en font encore aujourd’hui une de mes séries classiques préférées.
Notons enfin le très bel hommage rendu cette année dans le numéro 4093 de Spirou (parution datée du 21 septembre 2016) qui à l’occasion de l’anniversaire des soixante ans de la création du personnage lui a consacré un numéro spécial au sein duquel le lecteur pourra notamment découvrir Omelette et sables mouvants un récit court inédit signé Yann (scénario) et Schwartz (Dessin), qui fait écho à l’intrigue originelle de La voiture immergée.
Bonne lecture.
Dessin : Maurice Tillieux
Année : 2016
Editeur : Dupuis
Leave a Comment