Publié en 2003, Quartier lointain a révélé Jiro Tanigushi au grand public français. Publié dans la superbe collection Ecritures de Casterman, cet album est la parfaite illustration du travail de l’auteur.
Synopsis : Japon – Avril 1989 – Au lendemain d’une soirée trop arrosée, Hiroshi Nakahora, un salaryman japonais de 48 ans se retrouve par mégarde dans un train qui le conduit vers sa ville natale, dans la région de Tottori, sur les bords de la mer du Japon.
Il décide alors de se rendre sur la tombe de sa mère qui est décédée vingt ans plus tôt. Tandis qu’il se recueille, il est subitement projeté dans le passé et se retrouve en 1963, dans son corps d’enfant de 14 ans.
Quand il se résout à se rendre dans la rue de son enfance, c’est pour y trouver sa petite sœur de 11 ans en compagnie de ses parents, attablés dans la maison familiale.
Tout d’abord bouleversé et effrayé par cette situation, Hiroshi comprend qu’il est inutile de tenter de percer ce mystère et il décide bientôt de s’abandonner à cette expérience étrange qui lui permet de revivre un instant de son adolescence avec son vécu d’homme de 48 ans.
Cependant, il découvre peu à peu qu’au travers de ses actes, il est susceptible de changer sa propre histoire et peut-être même son futur.
Or, au terme de cet été 1963, son père va disparaître subitement, abandonnant sa femme et ses enfants pour une raison inconnue. Hiroshi pourrait-il et doit-il changer le cours de son histoire.
Avis :
Publié en 2003, Quartier lointain a révélé Jiro Tanigushi au grand public français. Publié dans la superbe collection Ecritures de Casterman, cet album est la parfaite illustration du travail de l’auteur.
Sur la base d’une intrigue classique (un voyage dans le temps et la récurrente question de l’impact de nos décision sur notre propre futur), l’auteur tisse un récit sensible sur la relation parents-enfants et sur l’éveil à l’amour.
Qui n’a pas rêvé de revivre une période de son enfance ou de son adolescence et de retrouver l’insouciance de cette période d’apprentissage et d’éveil des sens avec le vécu et le recul d’un adulte.
On retrouve à la fois la poésie et la mélancolie qui caractérisent les albums de Jiro Tanigushi. Poésie dans les détails de l’intrigue, mélancolie dans le comportement du personnage principal et dans son interrogation quant à sa propre capacité à découvrir les raisons de départ de son père.
L’auteur s’inscrit davantage dans la contemplation que dans l’action mais il parvient à nous entrainer dans ce rythme qui sied à la réflexion.
On retrouve également les questions récurrentes dont l’auteur parsème son œuvre : l’absence d’un parent, la culpabilité, la maladie, l’introspection.
Une nouvelle fois, bien qu’il s’en défende, Tanigushi semble revisiter et réinterpréter sa propre histoire. L’intrigue se déroule de nouveau dans sa région natale de Tottori, et les réflexions du héros sur l’apprentissage et sur l’éducation sont celles de l’auteur lui-même.
Toutefois, à l’image de l’auteur, le héros ressortira plus fort de cette expérience, illustrant ainsi la philosophie de Jiro Tanigushi pour qui « (…) la mélancolie (…) semble être une sorte de remède pour équilibrer l’esprit. »
Ouvre majeur de l’auteur, Quartier lointain a reçu le grand prix des libraires de BD en 2003.
Quartier lointain, à l’image du Journal de mon père (2004) est un album sensible et indispensable.
Scénario : Jiro Tanigushi
Dessin : Jiro Tanigushi
Année : 1998
Editeur : Casterman
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