« Quand j’ai eu dix-huit ans, Uncle Sam m’a dit qu’il aimerait bien mettre un uniforme sur mon dos pour aller combattre un gars qui s’appelait Adolf. Ce que j’ai fait. »
Synopsis :
USA / Europe – 1943. A dix-huit ans, comme tous les jeunes américains de son âge, Alan Ingram Cope est appelé pour effectuer son service militaire en vue de partir combattre l’Allemagne nazie en Europe.
Basé sur les souvenirs du narrateur, La Guerre d’Alan retrace, en trois tomes, l’expérience militaire d’un jeune soldat ordinaire, à cent lieues de l’imagerie hollywoodienne du super héros charismatique et intrépide.
Tour à tour conducteur de char, élève puis instructeur radio, Alan va successivement passer 18 mois dans le Kentucky à Fort Knox pour faire ses classes avant d’être envoyé à Fort Bening en Géorgie pour être affecté à une unité de préparation au combat en tant que patrouilleur-fusiller.
Enfin, le 19 février 1945, après un long périple en mer, Alan Cope débarquera au Havre, le jour de ses 20 ans.
Récit d’une fin d’adolescence ballotée au gré des affectations en temps de guerre, La Guerre d’Alan est à la fois un témoignage précis du quotidien d’un appelé américain des années 40 ainsi qu’une succession de portraits.
Oscillant entre boy-scoutisme bon enfant et accumulation d’expériences personnelles qui forgent la personnalité d’un Homme (la découverte de la musique, les relations familiales difficiles), La Guerre d’Alan est le récit d’un passage à l’âge adulte.
Avis : Quintessence du roman graphique, La Guerre d’Alan est une œuvre très originale qui fascine tout autant qu’elle peut dérouter le lecteur. Fruit d’une rencontre entre un dessinateur très talentueux et un vétéran de la seconde guerre mondiale, La Guerre d’Alan est un Objet Graphique Non Identifié.
Composé de trois tomes. Ce récit narre avec finesse et précision le parcours atypique d’une jeune appelé américain depuis ses classes en Amérique (Tome 1) jusqu’à son expérience d’après-guerre (Tome 3) en passant par sa contribution au conflit sur le sol européen entre 1945 et 1946 (Tome 2).
Privilégiant les contours flous – référence subtile à l’exactitude incertaine de la mémoire – et un ton sépia qui accentue le côté vintage, le dessin ne révèle aucune extravagance graphique mais contribue à la justesse de l’œuvre. Il émane du résultat une cohérence et une poésie qui servent parfaitement le propos.
Il ne se passe pas grand-chose dans le récit d’Emmanuel Guibert, point de rebondissements savamment orchestrés, point de combats héroïques, mais un récit aussi fidèle que peut l’être la mémoire d’un homme âgé.
Récit à la première personne, cet album s’apparente à une biographie, la biographie d’un homme ordinaire, d’origine modeste, qui aurait pu quitter cette terre sans laisser de traces, au-delà de son cercle immédiat, et qui par la magie d’une rencontre, nous livre un témoignage précieux car honnête et authentique.
Emmanuel Guibert est un auteur à part, un passeur, il sait mettre son talent au service des autres. J’aurais pu choisir le photographe, autre œuvre de Guibert mais j’ai préféré vous parler de cette histoire simple d’amitié, fruit d’entretiens réalisés au magnétophone.
Alan Ingram Cope est décédé en 1999, à 74 ans, et finalement nous sommes heureux de l’avoir rencontré et d’avoir partagé ses souvenirs par l’intermédiaire d’Emmanuel Guibert.
C’est le témoignage d’une génération qui s’éteint peu à peu. Une génération dont on ne pourra pas dire qu’elle a été plus heureuse que la nôtre. Elle a vécu des temps plus difficiles mais aussi probablement des bonheurs plus simples. Le plaisir d’un morceau de musique entendue au cœur de l’été.
Scénario : Emmanuel Guibert
Dessin : Emmanuel Guibert
Année : 2000
Editeur : L’association
Chroniqueur : Arnaud
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