Le narrateur, un jeune homme prénommé Antoine se remémore les évènements qui vingt ans plus tôt ont précédés la disparition brutale et inexpliquée de son père.
Synopsis :
Eté 1967. Antoine est un jeune homme de 15 ans qui oscille entre insouciance et premiers émois amoureux. A l’occasion d’un match de tennis qu’il dispute, son père est violemment pris à parti par un inconnu qui s’avère être celui de son adversaire. Le soir même, tandis qu’ils quittent une soirée à laquelle ils viennent d’être conviés par hasard, l’homme qui les a visiblement suivis, s’en prend à eux sur une route de montagne et les menace d’une arme. Echappant à leur adversaire et manquant de le renverser, Antoine et son père rentrent chez eux sans alerter les autorités.
Le lendemain matin, alors qu’ils se rendent en ville, ils découvrent avec stupeur que leur mystérieux agresseur est mort dans un accident automobile, son véhicule ayant quitté la route avant de chuter dans un ravin. Bouleversé par cet épisode et troublé par l’attitude de son père qui lui a demandé de ne rien dire aux autorités, ni à leurs proches, Antoine commence à s’interroger sur les motifs de tant de cachoteries.
Quelques jours plus tard, Antoine se lie d’amitié avec Erik, le fils du défunt et les deux jeunes garçons font des découvertes surprenantes sur le passé de la victime.
Au même moment, Antoine connait ses premières aventures amoureuses dans les bras de Joan, une jeune américaine rencontrée au domicile de M. Noé, un homme mystérieux, connaissance de son père.
Bien que ne correspondant pas de prime abord à un graphisme auquel je suis sensible, je n’ai pas pu refermer cet album avant de l’avoir dévorer avec avidité.
La mécanique scénaristique est redoutable de maîtrise et j’ai été happé par ce roman policier dont l’intrigue se révèle diabolique. Dès les premières planches, l’équation est posée : le narrateur nous relate les quelques jours précédents la disparition mystérieuse de son père et il tente tant bien que mal de démêler l’écheveau des évènements qui vont conduire à cette issue fatale.
Cette accroche m’a rappelé ce superbe album de Jiro Taniguchi intitulé Quartier lointain dans lequel le narrateur relate de manière chronologique les derniers mois précédents le départ de son père du domicile familial. Cependant, la comparaison s’arrête là. Dans l’été Diabolik, la priorité est donnée à l’intrigue policière. Construit en deux parties, la narration présente tout d’abord les évènements de l’été 1967 avant, dans un deuxième temps, de nous livrer la solution de l’énigme.
Cet album marque la seconde collaboration entre le scénariste Thierry Smolderen (Ghost Money ou Gypsy chez Dargaud) et Alexandre Clerisse après Se souvenir de l’Empire de l’Atome, publié en 2013 chez le même éditeur. Tandis que leur premier opus rendait hommage à la littérature de science-fiction, L’Eté Diabolik est avant tout un hommage aux illustrés des années soixante et plus particulièrement au personnage de Diabolik, créé par les sœurs Angela et Luciana Giussani en 1962.
L’ombre de ce personnage plane sur tout l’album jusqu’à la superbe couverture qui reprend la symbolique du regard masqué. Criminel professionnel, ce personnage s’inscrivait dans la droite lignée des grands malfaiteurs masqués, intelligents mais sans scrupules. Déclinaison italienne du Fantomas de Pierre Souvestre et Marcel Allain, il en avait adopté les codes vestimentaires, les attributs psychologiques mais aussi la dimension puissamment érotique. De fait, Diabolik était en permanence accompagné de sa maitresse en la personne d‘Eva Kant, pure produit de la bourgeoisie catholique italienne, et de fait, pure illustration de la transgression suprême.
Dans une postface très intéressante, le scénariste décrit la genèse de cette histoire : « (…) Une image toute simple, un homme – un industriel peut-être – jette un coup d’œil dans son rétroviseur et aperçoit au volant de la voiture qui le suit, la silhouette de Diabolik (…) ».
Le graphisme choisi par Alexandre Clerisse est très beau, il contribue grandement au succès de l’album. La mise en scène est très plaisante avec un choix de couleurs et de mises en pages superbes. Au final le tout donne un ensemble d’une grande beauté, très bien écrit.
Un très bon album pour saluer ce début d’année prometteur.
Scénario : Thierry Smolderen
Dessin : Alexandre Clerisse
Année : 2016
Editeur : Dargaud
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