Dessin : Ralph Meyer
Année : 2015
Editeur : Dargaud
Synopsis :
Fin du dix-neuvième siècle, Jonas crow est croquemort dans l’ouest américain. Il sillonne les plaines, proposant ses services au gré des opportunités. Par définition, cette fonction ne lui attire guère de sympathie et sa compagnie est peu recherchée. Seul un vautour handicapé qu’il a pris sous son aile, partage son quotidien et ses pérégrinations.
Apprenant qu’on recherche les services d’un fossoyeur, il se rend à Anoki City, une cité minière pour proposer ses services à un dénommé Joe Cusco qui s’avère être le véritable maître de la ville.
L’homme a fait fortune en tant qu’orpailleur, il règne d’une main ferme sur la ville et il revend des concessions aux aventuriers qui rêvent de faire fortune à leur tour.
Quand il se présente à la demeure de Joe Cusco, c’est pour apprendre que l’homme dont il faudra s’occuper des funérailles n’est autre que le riche propriétaire en personne. Celui-ci lui annonce qu’il sera mort le lendemain.
Ce que Jonas Crow ignore c’est que l’homme a décidé de se suicider en ingurgitant tout son or et qu’il souhaite se faire inhumer au fond de sa première concession. Malheureusement l’affaire s’ébruite et bientôt c’est une ville entière qui va vouloir s’emparer du cadavre.
Avis :
La saga Undertaker sera à n’en pas douter l’un des grands succès de l’année 2015. Alors raison de plus pour vous précipiter sur ce premier tome avant la sortie annoncée, le 23 novembre prochain, du deuxième opus.
Ce tome 1, intitulé Le Mangeur d’or, marque le retour attendu du duo Xavier Dorison – Ralph Meyer après leur précédente collaboration sur Asgard un western scandinave fantastique en deux tomes publié également chez Dargaud.
Publié fin janvier 2015, concomitamment à la tenue du festival d’Angoulême, les séances de dédicaces organisées à cette occasion avaient été l’occasion de mémorables bousculades autour du stand Dargaud qui témoignaient de l’attente provoquée par cette publication.
Les auteurs nous entrainent dans l’ouest américain de la fin du 19ème siècle sur les traces d’un croque-mort – affublé d’un vautour handicapé – qui sillonne le pays afin de gagner sa vie en redonnant un semblant d’apparence à ses contemporains avant de les accompagner vers leur dernière demeure.
Avec le personnage de Jonas Crow les deux compères nous offre un personnage d’apparence cynique et froide, insensible au sort de ses contemporains. Toutefois le soin et l’apparente compassion qu’il éprouve quand il s’agit de prendre soin de la dépouille d’un jeune garçon de 16 ans, mort dans l’effondrement d’une mine, conjugué aux propos qu’il tiendra à l’occasion de l’inhumation de ce dernier, laissent percevoir un personnage aux ressorts complexes et à la sensibilité intéressante pour la suite.
Au-delà de la riche idée de base du scénario (un riche propriétaire au seuil de la mort décide de se suicider en ingurgitant sa fortune et en se faisant enterrer avec), la construction de l’intrigue est très maitrisée. Après une introduction permettant de poser le décor et d’introduire les principaux personnages, l’action prend le dessus et vous happe jusqu’à la dernière page.
« J’ai vendu 50 ans de labeur et tout transformé en or.
J’ai mangé cet or »
Rapidement le piège tendu par le défunt se renferme sur les protagonistes et les masques tombent. Avec une ville lâchée à leurs trousses, les réflexes de survie vont obliger chacun à dévoiler sa véritable identité. Le trio formé par Jonas, Miss Prairie et Madame Lin, domestique ancienne tenancière de Saloon, va devoir faire preuve de ressources pour sauver sa peau.
C’est rythmé, c’est visuellement très réussi et c’est très bien écrit – avec une mention particulière pour les pseudos épitres de Jonas Crow.
Un grand plaisir de lecture et un vrai coup de cœur.
C’est donc un très bon western dont on attend la seconde partie avec grande impatience. A ce sujet, Xavier Dorisson révélait récemment dans la revue Casemate qu’il avait réécrit entièrement le second tome car la première version n’était pas à la hauteur de ses attentes.
Vivement la suite. Rendez-vous en novembre prochain et bonne lecture.
En bonus, la couverture du prochain tome telle que diffusée sur la page facebook du dessinateur.
« Même pour tout l’or du monde, tu n’enverras pas tes gosses crever comme des cons en creusant des trous à rats »
Saint Paul aux Californiens, Chapitre 4, verset 2
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