Omni-Visibilis

Scénario : Lewis Trondheim

Dessin : Matthieu Bonhomme

Synoptique:

Paris, de nos jours. Si on fait abstraction de sa phobie aiguë des bactéries, Hervé, la trentaine, moustachu, célibataire, est un être sans relief, Nerd inoffensif qui travaille dans une agence de publicité et dont le quotidien est aussi emballant et varié que n’importe quel actif parisien de sa condition.

Cependant, un matin au réveil, son quotidien déraille. Pour une raison inconnue la planète entière peut subitement voir ce qu’il voit, entendre ce qu’il entend et sentir ce qu’il sent. Il suffit pour cela de fermer les yeux et n’importe quel terrien peut le voir se laver les dents dans la glace de sa salle de bain, se verser un café ou assister à ses conversations. En dehors de ses pensées qui restent inaccessible à autrui, Hervé est devenu, sans aucune explication rationnelle, un fantastique émetteur d’images et de sons.

Dès lors, Hervé ne peut plus faire un pas dans la rue sans être abordé, poursuivi, traqué tantôt par des inconnus qui souhaitent délivrer un message personnel, tantôt par des loosers en quête de notoriété immédiate.

Hervé ne doit son salut qu’à ses plus proches amis qui parviennent à l’exfiltrer discrètement de son lieu de travail juste avant l’arrivée conjointe des journalistes et de la police.

Prenant conscience de la valeur marchande d’un tel don, ses amis décident de le mettre aux enchères pour une durée d ’une semaine. Pour ce faire, ils organisent un appel d ’offre nocturne grandeur nature depuis une terrasse parisienne. Chaque pays souhaitant acquérir ses services doit faire son offre au moyen d’un feu d’artifices tiré depuis son ambassade. Mise à prix, 1 million de dollars le pétard.

Avis: 

Omni-Visibilis repose sur une idée simple mais parfaitement scénarisée et exploitée jusqu’au bout. Un individu devient subitement, sans explication rationnelle, un émetteur d ’images et de sons. Peut importe les raisons de ce prodige, la force de cette histoire tient dans l’exploitation conjointe des dimensions comique et dramatique de cette situation. Outre les nombreux problèmes liés à la question de l ’intimité, ce don suscite à la fois la convoitise, la jalousie et parfois même le rejet de ses contemporains. Le personnage ne peut prononcer un mot, ou faire un geste les yeux ouverts, sans que ceux-ci soient audibles, visibles de tous.Omni-Visibilis est l’œuvre conjointe de Lewis Trondheim (scénariste et dessinateur prolifique, grand prix du festival d’Angoulême en 2006) et de Matthieu Bonhomme (scénariste et dessinateur notamment du Marquis d ’Anaon). Avec ce one-shoot, les deux compères nous offrent l’une des belles surprises de l’année 2010.

Trondheim que l’on assimilait surtout jusqu’alors à ses séries Lapinot et Donjon nous offre un scénario maîtrisé et foisonnant (les scènes de la mise aux enchères du don et du rendez-vous avec sa petite amie Chloé sont des régals, jusqu’au dénouement qui ne manque pas de sel) bien aidé par des dialogues vifs, et crédibles.

Les dessins sont très beaux et le choix de la couleur (bleu en bichromie) est une réussite.

Nul doute que vous prendrez également beaucoup de plaisir à découvrir cet album.