Dessin : André Juillard
Année : 2006
Synopsis :
Jeune femme brune, mystérieuse et solitaire, Lena parcourt clandestinement l’Europe et le Moyen-Orient, distribuant çà et là de petits présents d’apparence anodine à une galerie de personnages mystérieux. De Berlin Est à Alep, en passant par Kiev, Lena poursuit son long périple, hors des sentiers battus, en veillant à ne pas attirer l’attention sur elle.
Simple mule ou coordinatrice froide et déterminée, les liens qui unissent la jeune femme à ces personnages de l’ombre à restent obscurs tandis que les pièces du puzzle se mettent doucement en place, dans l’attente du dénouement final.
Dans cet univers trouble, Lena promène son étrange mal-être en Europe, en n’emportant, en guise de bagages, qu’un Walkman hors d’âge et une simple photographie sur laquelle on devine un homme et un enfant jouant sur une plage.
Avis :
Le long voyage de Lena est à la fois un récit intimiste sur la lente reconstruction d’une femme meurtrie et une intrigue d’espionnage réaliste et extrêmement documentée. Jusqu’au deux tiers de l’album, on sait très peu de choses sur Lena.
Farouchement déterminée, elle s’acquitte d’une délicate mission de messager, naviguant dans les eaux troubles du terrorisme international tout en évoluant dans une atmosphère ouatée, post-dépression. On suit Lena dans ses pérégrinations et on s’attache à elle. Belle, distante, elle semble à la fois perdue et déterminée.
On devine un drame, une tristesse infinie, et la recherche d’un nouveau sens à sa vie. Le faux rythme de la première partie de l’album permet de tisser la trame, de planter le décor. Ici, point de superflu, de cascades, de rebondissements. On est dans le réel. Fruit de la rencontre entre un scénariste féru de réalisme historiques et d’intrigues géopolitiques et d’un dessinateur amoureux de ses personnages féminin, cet album scelle la collaboration de deux maîtres de la bande dessinée contemporaine.
Le long voyage de Lena ressemble à ces anciens hôtels de luxe des capitales de l’ex-bloc de l’est dans lesquels un vieux magnétoscope trône au-dessus de la télé : désuets mais chargés d’histoire et terriblement ancrés dans la réalité d’un monde en mutation.
Un superbe album.
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