L’autoroute du soleil

Scénario : Baru

Dessin : Baru

Année : 1996

Synopsis :

Nancy. De nos jours. A 17 ans, Alexandre est fils d’ouvrier. Son père a quitté l’Italie dans les années soixante pour venir travailler dans les aciéries de Lorraine. Alexandre voue une admiration sans borne à Karim, 22 ans. Beau gosse, fan des années cinquante, Karim a mauvaise réputation. On le dit joueur, dealer et camé. Mais c’est avant tout un séducteur auquel on prête de nombreuses conquêtes.

Aujourd’hui, pour les uns, c’est jour de deuil. Les artificiers s’acharnent à abattre le « 18 », le plus haut des hauts-fourneaux, dernier symbole d’un passé révolu. Malgré une résistance héroïque, l’immense amas de tôle finit par s’effondrer dans un fracas assourdissant sous les regards tristes des ouvriers.

Aujourd’hui, pour les autres, ce devait être jour de gloire. Le docteur Raoul Faurissier, leader local du parti d’extrême-droite « l’élan national français» reçoit à Nancy le chef du parti. Le meeting a été un succès et le chef lui a promis un avenir radieux au sein de l’organisation. Malheureusement, après le meeting, le leader s’est fait rosser par les communistes, remettant en cause les perspectives d’évolution du chef local.

Alors quand Raoul Faurissier rentre chez lui à l’improviste pour découvrir sa femme au lit avec Karim, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Heureusement, grâce à une diversion créée par Alexandre, Karim parvient à s’enfuir en entraînant le jeune garçon avec lui.

Une course-poursuite sauvage et meurtrière s’engage alors à travers le pays entre les deux jeunes hommes et les sbires de Faurissier, ce dernier ayant juré d’avoir leur peau.

Avis :

L’Autoroute du soleil est avant tout un pavé compacte, dense, rythmé, bourré d’adrénaline et de testostérones. 421 pages d’actions, de courses-poursuites, de bastons et d’embrouilles en tous genres. C’est le récit détaillé de la lente et sordide chute dans la folie du personnage de Raoul Faurissier.

C’est aussi un voyage initiatique pour Karim et Alexandre qui vont être confrontés à la peur, à la débouille et à la découverte de l’amour et de l’amitié.

De la Lorraine à Marseille, en passant par les hauts plateaux du Larzac, Baru nous entraîne dans un road-movie brut à travers la France.

Le trait de Baru est reconnaissable entre 1000. C’est nerveux, anguleux et remarquablement construit d’un point de vue scénaristique. Comme souvent, ses personnages sont des écorchés vifs, des grandes gueules, des tarés.

Cela se lit d’une traite et à peine fini, cela se relit. De l’aveu de l’auteur (rencontré à Angoulême en 2011), un projet d’adaptation cinématographique avait été lancé mais est tombé à l’eau. Dommage, Depardieu en Faurissier cela avait de l’allure.

Publié en noir et blanc, cet album vous tiendra en haleine et vous garantit une bonne tranche de lecture.

Publié en 1996, L’Autoroute du soleil a reçu de nombreux prix dont notamment le prix du meilleur album des Libraires Canal BD et l’Alph-Art du meilleur album français  à Angoulême en 1996. Baru a quant à lui reçu le grand prix du festival d’Angoulême en 2010.

Un chef d’œuvre de la BD et un élément indispensable de votre bibliothèque.