Des milliards de miroirs

Dans la perspective du prochain Festival d’Angoulême qui se tiendra du 30 janvier au 02 février 2020, penchons-nous sur quelques albums qui ont été retenus dans les différentes sélections officielles. Aujourd’hui, coup de projecteur sur Des milliards de miroirs de Robin Cousin, publié chez les éditions FLBLB.

Synopsis

Dans un futur très proche (milieu des années 2020), la qualité de vie sur Terre n’a cessé de se dégrader. Raréfaction de l’eau potable, augmentation inexorable de la température à la surface du globe, pollution, rien ne nous a été épargné. Dans cet univers angoissant, nombre d’oracles prédisent chaque jour sur les réseaux sociaux une extinction prochaine de la civilisation humaine.

C’est alors qu’une nouvelle inattendue est révélée par une scientifique de l’agence spatiale européenne. Un réseau de tâches lumineuses a été observé sur une planète située à 45 milliards d’années-lumière de la Terre. De fait, par le biais de milliards de miroirs mis en orbite autour de notre planète, les ingénieurs ont commencé à scruter cinq années auparavant l’infinité de l’univers pour essayer de détecter une planète susceptible d’abriter une vie extra-terrestre, ou à défaut, d’héberger de futures colons terrestres.

Immédiatement, la machine médiatique s’emballe et de nombreux débats sont organisés. Experts scientifiques, futurologues et hommes politiques s’affrontent sur les plateaux pour disserter sur l’opportunité ou sur la menace représentée par cette découverte. Cette dernière met également en lumière une petite communauté vivant en autarcie et qui prône la mise en contact avec une civilisation extra-terrestre légendaire qui aurait quitté la Terre il y a 19 000 ans pour trouver refuge, justement sur une planète se situant dans cette constellation éloignée.

Bientôt, deux camps vont s’affronter: les tenants d’une tentative de mise en relation avec cette civilisation extra-terrestre et les opposants, qui craignent que cette initiative n’aboutissent à l’extinction de la race humaine.

Analyse

Robin Cousin n’est pas un inconnu pour les lecteurs de Rosebul. En 2017, il a signé Le profil de Jean Melville,  une intrigue policière qui abordait avec brio le thème de la manipulation des informations et des comportements, via les réseaux sociaux. Prix révélation au Festival Quai de Bulles 2017, l’auteur poursuit son travail de conteur avec un nouvel album qui aborde cette fois-ci la réaction des Hommes à la double perspective d’une fin de notre civilisation en raison de nos comportements excessifs, et à la mise en contact avec une entité extra-terrestre.

La description que fait l’auteur de notre environnement dans un futur proche est assez sombre: pollution, exploitation excessive des ressources naturelles, raréfaction des espèces animales. Le plus intéressant dans cette perspective réside dans le fait qu’elle n’est pas si éloignée de certaines prospectives émises à ce jour par les futurologues. A partir de ce constat, Robin Cousin s’interroge et met en scène le comportement d’un échantillon de la population face à cette problématique d’effondrement de notre société post-industrielle. Repli identitaire, quête de sens, négationnisme, de nombreuses attitudes sont possibles. Si vous souhaitez aller plus loin dans ce domaine, rapportez-vous au concept de Collapsologie ( lien Wikipedia).

Second phénomène abordé, la découverte d’une civilisation extra-terrestre et la réaction des hommes face à cette perspective. Il est probable que Robin Cousin ait eu en tête le programme SETI quand il décrit le concept d’exploration de l’univers mis en place à l’aide des miroirs, ainsi que l’activité de la communauté des Céphéens qui « écoute l’univers ». Le programme SETI pour Search for Extra-Terrestrial Intelligence date des années 60 et consiste à écouter les sons émis par des planètes sur une fréquence précise (longueur d’onde de 21 cm) via des radiotélescopes.

Dans ce cas de figure, Robin Cousin s’intéresse également à l’attitude de son échantillon de personnages face à cette situation: est-ce une menace ou une opportunité, faut-il essayer d’entrer en contact avec les « Autres » ou se cacher pour essayer de nous sauver. Avec habilité l’auteur présente différents points de vue, sans les juger, sans les hiérarchiser.

Bref, Avec Robin Cousin, on lit de très bonnes histoires qui nous donnent envie d’aller plus loin dans l’exploration des concepts évoqués. C’est brillant, intelligent et très plaisant. J’espère que cette sélection à Angoulême donnera un nouveau coup de projecteur sur le travail de cet auteur aux histoires bigrement intéressantes. Et si Robin Cousin était la surprise de ce palmarès?

Scénario: Robin Cousin

Dessin: Robin Cousin

Année: 2019

Éditeur: Editions FLBLB

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