Shangri-La

Coup de projecteur sur notre coup de cœur de la rentrée, le Space-Opéra Shangri-La de Mathieu Bablet chez Ankama, au sein du prestigieux Label 619. Satire de nos dérives sociétales et consuméristes, un album sublime qui repose sur socle scénaristique au cordeau. Un album à ne manquer sous aucun prétexte.

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Synopsis:

Notre bonne vieille planète Terre est devenue inhospitalière à toute forme de vie animale. Par conséquent, l’Humanité (du moins ce qu’il en reste) est regroupée au sein d’une gigantesque station orbitale. Deux frères aux caractères très différents vont se retrouver mêlés à une histoire de révolte et de complot visant à renverser le « gouvernement » de la station. Parallèlement, des scientifiques tentent de mener à bien une expérience inédite, créer la vie artificiellement à partir de rien, à l’aide d’antimatière ou matière noire…

Avis:

Après La belle mort et Adrastée (déjà aux éditions Ankama) Mathieu Bablet nous livre avec Shangri-La une œuvre époustouflante. Il s’agit d’un pur récit de science-fiction construit sur deux niveaux : une partie space-opéra et une partie presque sociologique sur les comportements à l’intérieur de la station orbitale.

planche_shangri-la_rosebulLe choix des couleurs renforce cette idée puisque les sorties dans l’espace sont magnifiées par de grandes planches épurées où le noir et le bleu nuit sont à couper le souffle et renforcent la petitesse de l’Homme face à la grandeur de l’univers et de son vide infini.

D’un autre côté, les scènes en intérieur sont pour la plupart dans des tons jaunes/marrons qui renforcent l’idée de cloisonnement et de repli sur soi.

Le découpage, dynamique et aéré est lui aussi parfait.

Car il ne faut pas s’y tromper, si on aime tant la science fiction c’est pour ce qu’elle dit de nos situations humaines actuelles. Et à ce niveau là Shangri-La est un chef d’œuvre! Car sur cette station orbitale il n’y a pas d’élections ni de gouvernement mais un simili conseil d’administration de l’unique entreprise encore existante (Tianzhu Enterprises), fournissant nourriture, logements, habits… sans oublier les équipements technologiques qui occupent une grande place dans le récit.

Mathieu Bablet nous décrit une humanité accro à ses tablettes, presque décérébrée ou en tout cas qui se laisse vivre sans se poser de questions tant il est évident pour elle que Tianzhu ne peut vouloir que son bien. La publicité fait office de nouvelle sagesse populaire, « Travailler. Dormir. Travailler. » étant un de leur slogan phare.

Personnellement, j’y vois une sorte de croisement entre Wall-e et 1984,deux autres chefs d’œuvre bien différents mais dont Shangri-La réussit en quelque sorte la synthèse.

Un autre grand thème du récit est la volonté d’un groupe de scientifiques de vouloir créer la vie humaine à partir de rien, en d’autres termes de vouloir devenir des dieux. Je préfère ne pas trop en dire à ce sujet pour ne pas gâcher votre lecture mais c’est un élément capital de l’histoire. A ce niveau là, on pourrait comparer Shangri-La à 2001 de Stanley Kubrick.

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La troisième thématique importante est le racisme. Les nationalités n’existant plus à bord de la station, les mécontentements et les frustrations se reportent contre des créatures anthropomorphes génétiquement modifiées, qui remplissent aussi bien le rôle de travailleurs consciencieux que de boucs émissaires parfaits!

Shangri-La est une œuvre colossale et vertigineuse, satire de nos dérives sociétales et consuméristes, armée d’un scenario implacable, de couleurs et de dessins magnifiques. Bref la BD de l’année… voire plus!

cover_shangri-la_rosebulScénario : Mathieu Bablet

Dessin : Mathieu Bablet

Année : 2016

Editeur : Ankama

Chroniqueur  : Frederic

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