Tyler Cross

Tyler Cross couverture rosebul.frScénario : Fabien Nury

Dessin : Brüno

Année : 2013

Synopsis :

Fin des années cinquante, à la frontière mexicaine du Texas, Tyler Cross, braqueur professionnel aux manières expéditives, est engagé par le Signor Di Pietro pour dérober à une bande rivale une cargaison de drogue qui doit être réceptionnée sur les rives du Rio Bravo.

Avec l’aide de ses associés d’un soir, le colosse Ike et la vénéneuse CJ, Tyler Cross enlève Tony Scarfo, le commanditaire de l’opération, et se rend à la frontière pour se faire remettre la marchandise. Cependant, rien ne se passe comme prévu et le rendez-vous nocturne tourne au carnage.

Scarfo, Ike, CJ et la totalité des gangsters de l’autre bande sont abattus et Tyler Cross se retrouve au petit jour  dans le désert, sans moyen de transport, chargé de 17 kilos de came d’une valeur d’un demi-million de dollars à la revente, avec 21 dollars et 80 cents en poche.

Quand il finit par échouer à Black Rock, une ville perdue du Texas tenue d’une main de fer par le clan Pragg – potentats locaux cupides et sadiques – c’est pour apprendre  que le vieux Di Pietro a cassé accidentellement sa pipe et que le marché ne tient plus.

Coincé comme un rat dans un nid de crotales, Tyler Cross se retrouve confronté aux Pragg qui s’étonnent de la présence d’un étranger dans leur ville. Mais même avec leur milice locale, ces derniers ne sont pas nécessairement de taille à se mettre en travers du chemin de Cross, surtout si leur attention est détournée par le mariage du fils ainé.

Le feu d’artifice peut commencer.

Avis :

Tyler Cross signe le retour décoiffant  du tandem Nury  – Brüno.

Tyler Cross - Page 3 Rosebul.frAprès une superbe première collaboration  avec l’adaptation d’un roman d’Eugène Sue sur l’esclavage en 2011 (Atar Gull chez Dargaud ) les deux compères nous entrainent cette fois dans les années cinquante, sur les rives du Rio Bravo, dans une histoire de trafic de drogue, de  règlement de comptes en famille et de guerre des clans entre mafieux.

Fabien Nury est l’un des scénariste les plus doués et les plus prolifiques du moment. WEST, les chroniques de Légion, Il était une Fois en France, la Mort de Staline, Silas Corey. Il est très présent dans les bacs, souvent accompagné de très bons dessinateurs.

Avec Tyler Cross, il nous offre un nouveau personnage qui devrait devenir récurrent. Reptilien, vif, cynique, intelligent Tyler Cross, le personnage éponyme nous entraine dans son sillage rouge sang sur le sol acre du désert texan.

On est dès le début propulsé dans un déchainement de violence que n’aurait pas renié le grand Quentin Tarantino.

D’ailleurs, les clins d’œil  à l’œuvre du cinéaste américain sont omniprésents: personnages déjantés, jolie héroïne paumée, déchainement des armes à feu, jusqu’à l’apothéose de la scène dans le train. On songe aux scènes finales de True Romance ou de Réservoir dogs, quand les canons des armes à feu se font face, quand le temps suspend son envol, avant que les armes ne crachent leur  venin métallique.

Tyler Cross est le frère spirituel de La Mariée de Kill Bill, et on sourit à la référence au moment de la scène du mariage  de Stella.

C’est provocant, c’est outrageux, c’est intense, on s’éclate.

tyler Cross image rosebul.frJ’ai une grande attirance  pour le dessin de Brüno, J’aime ses personnages au regard tantôt absent, tantôt hypnotique. J’aime l’apparente lenteur des scènes qui précède les explosions, le temps suspendu. Ce rythme faussement lent qu’il instaure. J’aime la simplicité et la modernité du trait. La référence au cinéma de série B comme dans Lorna. La surprise dans les yeux des personnages au moment de rencontrer leur propre mort.

C’est incroyablement dense (92 pages), c’est lumineux. Laurence Croix qui œuvrait déjà sur Atar Gull est en charge de la colorisation et donne de l’énergie à l’album.

Il  y a dans cet album, un éloge paradoxal de la lenteur malgré l’enchainement des scènes violentes. Les deux auteurs prennent le temps d’installer leurs personnages, de poser l’intrigue, par petites touches successives et nous regardons avec délectation la mèche se consumer lentement jusqu’à l’explosion finale qui nous en envoie plein les mirettes.

« bang, bang, my Baby shot me down… »

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